Vous trouvez ci-après les réponses aux questions
que vous avez 100 fois entendues dans les médias. Mais ici vous pourrez vous
faire une opinion complète et comparer entre la vérité exprimée ici et les
arguments simplistes que les référendaires avancent. Quand ils ne mentent pas
carrément ...! Et comparez avec la raison, pas avec des simples "y'a
qua". Comparez le sérieux de ceux qui défendent en Suisse une politique de
sécurité et de défense digne de ce nom avec la légèreté des arguments des
référendaires.
Nos arguments ne feront pas toujours plaisir, mais
ils sont solides, militairement, économiquement, mais aussi moralement.
Nous les avons rédigés avec tout le sérieux possible. Ils représentent une
position responsable vis-à-vis de tous les Suisses et de nos voisins
européens.
Nous vous encourageons d'investir le temps
nécessaire à leur lecture. Car pour un tel sujet et une telle dépense, il
serait inadmissible que le citoyen ne sache pas sur quoi il vote.
Gérald Vernez
Président CRDC
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1.
La Suisse a-t-elle absolument besoin de Forces aériennes?
La Suisse a besoin de Forces aériennes pour
surveiller, contrôler et défendre son espace aérien. En outre, les Forces
aériennes doivent être en mesure de mener des reconnaissances aériennes et d’appuyer
les Forces terrestres en combattant des cibles terrestres. Le Gripen E est
capable d’effectuer toutes ces tâches. Il faut souligner également qu’en cas de
conflit, les Forces aériennes ont une importance plus grande qu’autrefois. De
plus en plus souvent, les attaques viennent du ciel. Un Etat dépourvu de Forces
aériennes serait incapable de s’y opposer.
2. Les tâches
actuelles et futures des Forces aériennes ne souffrent-elles pas d’un manque de
clarté?
Les
Forces aériennes constituent le seul moyen dont dispose notre Etat pour assurer
la sécurité dans les airs. Elles protègent l’espace aérien en garantissant la
souveraineté aérienne (avec les tâches relevant de la police aérienne) et en
assurant la défense de cet espace aérien. Les Forces aériennes effectuent
également des transports. Elles se procurent des renseignements et les
diffusent aux autorités politiques et au commandement militaire. Elles ont pour
mission d’appuyer les Forces terrestres en cas d’attaque militaire. En août
2013, le DDPS a présenté la conception des Forces aériennes à la Commission de
la politique de sécurité du Conseil national. Au printemps 2014, le Conseil
fédéral doit présenter au Parlement et donc aussi au public une version plus
affinée de cette conception.
3.
Ne serait-il pas plus judicieux d’investir les 3,126 milliards de francs
destinés à l’acquisition du Gripen dans d’autres domaines tels que la
formation, la recherche ou les transports?
Les 3,126
milliards de francs en question constituent un investissement dans la sécurité
de la Suisse. La sécurité de notre pays est la condition essentielle dont
dépend presque tout, à savoir aussi le bien-être de la population et la
préservation d’une place économique prospère. L’acquisition des 22 Gripen se
traduit par des coûts de 300 millions de francs par année environ entre 2014 et
2024. Ceci équivaut à environ 0.5% des dépenses de la Confédération. Le Gripen
est déjà inclus dans le budget de l’armée. Son acquisition n’entraîne aucune
réduction budgétaire, ni dans la formation, ni dans le domaine social. Le cas
échéant, il faut seulement s’attendre à des taux de croissance légèrement plus
faibles.
4.
Pourquoi la Suède a-t-elle obtenu un prix plus avantageux que la Suisse pour
ses propres Gripen ?
La Suède
va acheter des avions pratiquement « nus », qui seront construits en utilisant
dans la mesure du possible des éléments provenant des Gripen actuellement en
service dans ses Forces aériennes. La Suisse, en revanche, acquiert un système
d’armes entièrement nouveau. En comparaison avec la Suède, il comprend aussi
l’armement, les simulateurs, le matériel logistique, etc. Les expériences
faites en Suisse montrent que dans le cadre de l’acquisition d’avions, les
accessoires constituent environ la moitié du prix, l’autre moitié couvrant l’achat
de l’appareil lui-même. Si l’on tient compte du fait que les appareils
commandés par la Suisse ne contiennent aucun élément déjà utilisé, on peut même
affirmer que les coûts d’acquisition du Gripen (l’avion seul, sans les
accessoires) sont même légèrement inférieurs à ceux facturés aux Forces
aériennes suédoises.
5.
La solution transitoire avec les Gripen C/D ne revient-elle pas trop cher?
La
location pure des appareils (sans compter les frais consacrés aux pilotes, au
carburant et à l’immobilier) nous coûte 44 millions par année pendant 5 ans.
Près de 70% du coût total de la location seront compensés par la mise hors
service des Tiger F-5. En outre, 11 Gripen de location contribuent bien
davantage à la sécurité de la Suisse que 54 F-5 Tiger. La location des Gripen
C/D permet d’autre part de donner aux pilotes une formation de base qui
facilitera et abrégera ensuite la période d’introduction de notre Gripen
(version E).
6.
Un avion de combat peut-il vraiment être un moyen efficace pour répondre aux menaces
auxquelles la Suisse est actuellement confrontée (terrorisme, criminalité
organisée, cyberattaques)?
Nous
devons faire face à un grand nombre de menaces et de dangers. Le terrorisme, la
criminalité organisée et les cyberattaques en font partie, mais il y en a
encore beaucoup d’autres. Aucun de ces dangers ne peut être négligé. Nous
savons en outre depuis le tristement célèbre 11 septembre que les attaques
terroristes peuvent aussi venir des airs. En raison de la persistance de ce
type de menace, avec des terroristes susceptibles d’utiliser des avions ou des
hélicoptères, un contrôle de notre espace aérien dans sa totalité reste
indispensable. D’une manière générale, les avions de combat font partie des
moyens essentiels de l’armée. Ils permettent d’assurer le service de police
aérienne, la défense aérienne, la reconnaissance aérienne et l’attaque de
cibles terrestres.
7.
Si l’on tient compte du fait que la situation actuelle en matière de menace ne
va pas brusquement changer, ne serait-il pas possible d’utiliser pour le moment
uniquement les 32 F/A-18 et de nous rééquiper si la situation générale venait
réellement à se détériorer?
Nul ne
peut dire à quoi ressemblera dans dix ans la situation en matière de politique
de sécurité, et encore moins faire des pronostics pour les 20 à 30 prochaines
années. L’évaluation, l’acquisition et l’introduction d’un nouvel avion de
combat s’étendent sur une quinzaine d’années. Procéder à un « rééquipement au
pied levé » avec un système d’armes aussi complexe n’est tout simplement pas
sérieux. En outre, la reconstitution des capacités requises pour la
reconnaissance et les opérations sol-air prendrait davantage de retard.
8.
Compte tenu de la situation actuelle en matière de menace, est-il vraiment
nécessaire de rétablir la capacité d’intervention air-sol?
L’armée
ne peut pas se fier uniquement aux périodes de « beau temps ». Nul ne peut dire
à quoi ressemblera dans dix ans la situation en matière de politique de
sécurité, et encore moins faire des pronostics pour les 20 à 30 prochaines
années. La mise sur pied d’une capacité militaire prend plusieurs années. Si
cette capacité doit être disponible en situation extraordinaire, elle doit être
mise sur pied en temps de paix. D’ailleurs, la mise sur pied d’une capacité de
base pour appuyer les Forces terrestres depuis les airs ne fait pas partie des
raisons principales ayant motivé l’acquisition du Gripen. Toutefois, si elle
est concrétisée, cette acquisition permettra de reconstituer cette capacité
principale à peu de frais (deux pourcent environ du coût total). Cela permettra
aussi de réaliser ce qui avait été prévu lors de la mise hors service des
Hunter en 1994.
9.
Les 32 F/A-18 ne seraient-ils pas suffisants pour cette tâche?
Les 32
F/A-18 suffisent dans la mesure où aucun événement extraordinaire ne se
produit. Cependant, l’armée ne peut pas se fier uniquement aux périodes de «
beau temps ». Cette constatation s’applique d’autant plus aux Forces aériennes.
L’armée doit être équipée de telle manière à pouvoir assurer la sécurité de la
Suisse et de sa population, quelle que soit la situation. Nul ne peut dire à
quoi ressemblera dans dix ans la situation en matière de politique de sécurité,
et encore moins faire des pronostics pour les 20 à 30 prochaines années. Le
Gripen constitue justement un investissement destiné à couvrir cette période.
10.
Avec ses 32 F/A-18, la Suisse ne présente-t-elle pas une densité élevée en
avions de combat par rapport à la surface du territoire?
Lorsque
le pays et ses habitants sont menacés par une attaque venant des airs, les
Forces aériennes doivent surveiller, contrôler et protéger le territoire
national jusqu’à ce que la menace ait disparu. Si l’on entend assurer une
surveillance totale de l’espace aérien avec quatre avions de combat, la
capacité à durer des 32 F/A-18 est de 2.5 semaines seulement. Avec
l’acquisition de 22 Gripen, cette capacité à durer pourrait être doublée
et atteindre 5 semaines avec quatre appareils en permanence dans les airs. Il
faut ajouter à cela le fait que lorsqu’un territoire est exigu, les délais de
préalerte sont nécessairement très courts ; plus la distance entre la frontière
et un objectif potentiel est faible, plus la réaction doit être rapide. C’est
pour cela que nous avons besoin d’un plus grand nombre d’avions.
11. 3,126 milliards ne
représentent-ils pas une trop grosse somme pour prolonger la capacité à durer
de 2,5 semaines seulement?
La
sécurité a son prix, tout particulièrement dans l’espace aérien. Le Gripen
représente la variante la plus avantageuse si nous désirons assurer la capacité
à durer pendant un délai réaliste. Son acquisition permet en outre à la Suisse
et à ses Forces aériennes de « rester dans la course » en matière de
développement technique des avions de combat. Le Gripen pourra s’adapter aux progrès
technologiques (p. ex. nouveaux engins guidés), ce qui ne sera plus possible
pour les F/A-18 C/D.
12. La protection de
notre espace aérien ne serait-elle pas plus efficace si elle était faite en
coopération avec les forces aériennes des pays voisins?
La Suisse
collabore avec les Etats voisins, notamment en échangeant des données sur la
situation aérienne ainsi que pour identifier et poursuivre des aéronefs
suspects ou peu coopératifs. Ces aéronefs sont ensuite « remis » aux forces
aériennes du pays voisin concerné s’ils quittent notre espace aérien, de même
que nous les prenons en charge lorsqu’ils franchissent notre frontière. Par
contre, dès qu’il s’agit de service de police aérienne, de défense aérienne, de
reconnaissance aérienne et d’engagements air-sol, c’est notre souveraineté qui
est en jeu, et presque tous les Etats, même au sein d’une alliance, assument
alors eux-mêmes ces tâches. En assurant la surveillance et la protection de son
propre espace aérien, la Suisse remplit ses responsabilités et se montre
solidaire vis-à-vis de l’Europe également.
13. Ne pourrait-on pas
augmenter la valeur combative des F-5 Tiger?
Ce ne
serait pas rentable. Les coûts générés par une amélioration technique du Tiger
seraient trop élevés. En effet, une nouvelle acquisition sera toujours plus
performante et disposera d’une durée de vie plus longue. Augmenter la valeur
combative de 30 F-5 Tiger pour une période de 15 ans nous coûterait environ un
milliard de francs.
14. D’autres pays ont
manifesté leur intérêt pour acquérir les F-5 Tiger suisses. Cela ne prouve-t-il
pas que ces appareils sont encore utilisables?
Les F-5
Tiger sont des avions désuets et doivent impérativement être remplacés (années
de construction: 1978-1981, 1983-1985). Ils ne satisfont plus aux exigences
minimales des Forces aériennes et ne peuvent pas accomplir leurs tâches de nuit
ou par mauvais temps. Ils possèdent un vieux radar et ne disposent pas d’engins
guidés par radar. Les 44 F-5 Tiger qui seront revendus aux Etats-Unis n’y
seront utilisés que pour des exercices (représentation des cibles ou de
l’ennemi).
15. En lieu et place
des avions de combat, ne pourrait-on pas envisager d’autres options?
L’acquisition
d’avions de combat constitue la seule option valable et financièrement
réalisable:
Les
drones
·
Les
appareils sans pilote, même de la dernière génération, ne sauraient encore
remplacer des avions de combat et leurs équipages ; ils pourraient tout au plus
les compléter.
·
La
présence d’un pilote à bord est incontournable dans le cadre du service de
police aérienne afin de garantir la pertinence des décisions prises.
·
Les
appareils armés sans pilote ne peuvent pas remplir une palette de missions
aussi variée que des avions de combat habités.
· Les
appareils armés sans pilote ne sont pas nécessairement moins chers que
desavions de combat habités.
Les missiles sol-air
·
Les
missiles sol-air apportent une contribution importante à la défense aérienne.
·
Les
missiles sol-air ne peuvent être engagés que pour abattre des objets volants,
et non pour les identifier, les avertir, les refouler ou les obliger à se
poser. Ils sont donc inutilisables pour le service de police aérienne.
· La seule
acquisition de missiles sol-air rendrait impossible la reconstitution minimale
des capacités de base dans les domaines de la reconnaissance aérienne et du
combat au sol.
Le ravitaillement
aérien des F/A-18
·
Plus-value
limitée: les ravitaillements aériens permettent en principe aux avions de
combat de rester plus longtemps en l’air, mais ils doivent interrompre leur
mission pendant la durée du ravitaillement.
·
Les
avantages de ce type de ravitaillement seraient très réduits en Suisse en
raison des faibles distances entre le lieu de la mission et la base aérienne.
·
L’adoption
de ce système exigerait des investissements importants.
·
Le
ravitaillement aérien ne permet pas de récupérer les capacités nécessaires pour
la reconnaissance aérienne et les engagements air-sol.
Les hélicoptères de
combat
·
Les
hélicoptères (et les avions légers armés) sont déjà trop lents pour suivre des
jets civils de ligne ; ils sont donc inutilisables face à des avions de combat.
·
Les
hélicoptères de combat ne peuvent pas voler assez haut.
·
Les
hélicoptères de combat ne sont pas équipés de radars air-air permettant
d’identifier d’autres objets volants.
·
Les
hélicoptères de combat sont très vulnérables aux tirs effectués depuis le sol.
16. La Suisse n’aurait-elle pas mieux
fait d’acquérir des F/A-18 d’occasion?
La
production du F/A-18 C/D, c’est-à-dire l’aéronef dont la Suisse exploite 32
exemplaires, a cessé depuis des années. Aucun avion de ce type ne sera
disponible sur le marché des occasions dans un délai utile. Les F/A-18 A/B
d’occasion sont déjà trop vieux. Il faudrait entièrement les réviser et
remplacer leurs systèmes obsolètes. Le rapport prix-prestations serait moins
bon et les risques plus élevés que dans le cas de l’acquisition d’avions de
combat neufs.
17.
Le Gripen est encore au stade du développement. S’agit-il donc effectivement
d’un « avion de papier »?
Tous les
avions de combat modernes sont modernisés en permanence. En ce qui concerne le
F/A-18, il y a eu et il existe les versions A/B, C/D et E/F. Le Gripen E
constitue un perfectionnement du Gripen C qui est utilisé par cinq forces
aériennes (Afrique du Sud, Hongrie, République tchèque, Suède et Thaïlande). La
plupart des éléments nouveaux dont sera équipé le Gripen E ont été installés et
testés sur le prototype Gripen NG Test Aircraft. Pendant la phase d’évaluation,
l’appareil testé correspond à un autre type que celui qui sera ensuite
commandé. C’est ainsi qu’au début des années 90, la Suisse avait testé le
F/A-18 A/B, mais avait ensuite fait l’acquisition du F/A-18 C/D.
18. Pourquoi le choix s’est-il porté sur
le Gripen, alors que pendant la phase d’évaluation, il s’est révélé, dans
certains domaines, inférieur à ses deux concurrents?
Le Gripen
satisfait aux exigences du point de vue militaire. Cet appareil correspond
exactement à ce dont nous avons besoin. Au vu du rapport prix-prestations, le
Gripen est la meilleure solution pour la Suisse. Son acquisition permet en
outre de doter également les autres éléments de l’armée d’un équipement
moderne.
19. Dans le choix du type d’appareil,
n’a-t-on pas uniquement tenu compte des coûts ?
L’avion choisi devait en premier lieu être capable
de fournir les prestations requises pour les missions des Forces aériennes. A
cet égard, le Gripen satisfait pleinement aux exigences. Une offre
insatisfaisante sur le plan technique ne serait pas entrée en ligne de compte,
quel que soit le prix. Cependant, le prix est également un facteur important.
20. La Suisse ne
doit-elle pas prendre part outre mesure au développement du Gripen ?
L’offre
de la société Saab pour 22 Gripen, avec un montant fixe de 3,126 milliards de
francs, inclut tous les frais, y compris les dépenses de développement du
Gripen C au Gripen E jusqu’à la livraison des avions. Les mises à jour
ultérieures, d’usage pour tout avion de combat, seraient facturées séparément.
Toutefois, la Suisse ne s’est absolument pas engagée à participer à de tels
développements.
21. Le fait que le
montage final du Gripen ne se fera pas en Suisse n’est-il pas un argument en
défaveur de cet appareil ?
Il est
exact que le montage final du Gripen ne se fera pas en Suisse. Cette décision a
été prise par la Suisse, et cela pour la simple et bonne raison qu’il ne serait
pas rentable de construire une deuxième chaîne d’assemblage pour 22 avions
seulement. En revanche, des spécialistes suisses collaboreront chez Saab au
montage final des appareils destinés à notre pays. De plus, certaines parties
de l’avion, comme les freins à air, les supports de fixation pour charges, les
réservoirs de carburant supplémentaires ou la partie arrière du fuselage,
doivent être fabriquées en Suisse. Enfin, les fournisseurs (Saab, fabricants
d’engins guidés) s’engagent par contrat à conclure pendant dix ans des affaires
compensatoires pour un montant de 2,5 milliards de francs avec des entreprises
suisses. Des offres compétitives faites par les entreprises suisses constituent
la condition requise pour la conclusion d’affaires compensatoires.
22. Pourquoi ces
affaires compensatoires ne couvriront-elles que 2,5 milliards de francs sur les
3,126 que coûte le Gripen?
Le
constructeur Saab et les fabricants d’engins guidés sont disposés à compenser
intégralement les coûts d’acquisition du Gripen, armement compris, jusqu’à un
montant de 2,5 milliards de francs. Les 626 millions restants sont des
paiements qui ne concernent pas ces entreprises, mais les Forces aériennes
suédoises ou la Suisse. On citera à titre d’exemple les éventuelles adaptations
de l’infrastructure, qui bénéficient de toute manière à l’économie suisse.
23. La Suisse romande
n’est-elle pas lésée dans le cadre des affaires compensatoires?
A ce
sujet, des efforts seront faits pour réaliser une clé de répartition entre les
trois régions linguistiques du pays, à raison de 65% pour la Suisse alémanique,
30% pour la Suisse romande et 5% pour la Suisse italienne.
24.
L’acquisition des Gripen n’est-elle pas une affaire à hauts risques?
Une part
de risques subsiste dans toutes les acquisitions. Cela ne concerne pas
seulement l’armement. Toutefois, la Suisse a pris différentes mesures afin de
limiter ces risques à un niveau usuel et acceptable. En effet, c’est l’Etat
suédois qui est notre partenaire contractuel. La Suède, de son côté, commande
les avions auprès de l’entreprise Saab, à raison de 60 appareils pour elle et
22 pour la Suisse. Cette manière de procéder présente deux avantages
essentiels. Premièrement, l’Etat suédois garantit que les avions seront livrés
à la Suisse avec les caractéristiques, dans les délais et au prix convenus.
Deuxièmement, il en résulte pour notre pays de meilleures conditions que si nous
avions passé la commande directement chez Saab.
La Suisse entend réceptionner elle-même ses avions,
afin de se convaincre que les spécifications techniques désirées ont été
réalisées et que les performances correspondent au cahier des charges. Si
l’avion ne peut pas être livré dans les délais convenus ou si ses performances
sont insuffisantes, c’est la responsabilité de l’entreprise Saab qui est
engagée vis-à-vis de la Suède et de la Suisse. Les peines conventionnelles
prévues seront dues à brève échéance (pénalités payables à la Suède et à la
Suisse). En outre, la responsabilité de l’Etat suédois est engagée vis-à-vis de
la Suisse.
La Suède a donné sa garantie écrite que les avions
seront livrés au prix convenu et dans les délais fixés et qu’ils satisferont
les paramètres de performances fixés. Si cela ne devait pas être le cas, la
Suisse pourrait dénoncer le contrat dans un délai d’une année et se retirer de
l’affaire pour les appareils qui n’ont pas encore été réceptionnés. Etant donné
que la Suisse pourra constater si les performances sont conformes aux attentes
à la réception des trois premiers appareils vers la fin 2018, elle aurait
encore, le cas échéant, la possibilité de se retirer intégralement de
l’affaire.
Les trois premiers avions seront payés après leur
livraison. Quant aux appareils suivants (huit en 2019, huit en 2020 et trois en
2021), il a été convenu qu’ils seront payés intégralement seulement si le
nombre d’avions convenu a été livré dans les délais et s’ils fournissent les
prestations requises. Si tel n’était pas le cas, la Suisse ordonnerait pour
chaque appareil une suspension du paiement jusqu’à ce qu’il soit livré et qu’il
réponde aux spécifications convenues. En outre, les derniers quatre pourcent
(100 millions de francs) de la facture seront retenus jusqu’en 2024.
25.
Le contrat établi entre FMV et Saab n’a pu être examiné que partiellement et
par un seul collaborateur d’armasuisse. Peut-on vraiment parler d’une
vérification sérieuse?
En ce qui
concerne les garanties et les sanctions pécuniaires, le contrat d’acquisition
pour les Gripen destinés à la Suisse se réfère au contrat établi entre FMV et
Saab. Grâce au droit de consultation qui lui a été accordé, le service
juridique d’armasuisse a pu vérifier et confirmer que les dispositions
contractuelles essentielles relatives aux garanties, à la couverture des
risques et aux sanctions pécuniaires sont correctes et appropriées. Il n’était
pas nécessaire de vérifier d’autres parties du contrat.
26.
Ne faut-il pas prendre en compte le risque que dans 30 ans, l’entreprise Saab
n’existe plus ou ne produise plus d’avions?
Le
gouvernement suédois garantit qu’il apportera son soutien au Gripen
(développement technique et support technique) au moins jusqu’en 2040. Cette
garantie est renforcée par le fait que les Forces aériennes suédoises misent à
100% sur le Gripen pour leur propre flotte.
27.
La Suisse ne ferait-elle pas mieux d’adopter une stratégie prévoyant une flotte
uniforme?
Une
politique de la flotte uniforme ne serait réalisable au cours des 15 prochaines
années que moyennant l’acquisition d’autres F/A-18 C/D. Or, ces derniers ne
sont plus fabriqués. Il n’y a pas non plus d’appareils d’occasion sur le
marché.
28. Ne devrait-on pas
remplacer simultanément les Tiger et les F/A-18?
Les
F/A-18 peuvent encore être engagés jusqu’en 2030 au minimum. En revanche, les
F-5 Tiger sont totalement désuets et doivent impérativement être remplacés
maintenant.
29. L’achat du Gripen
ne signifie-t-il pas la fin de la Patrouille Suisse ?
Les
Forces aériennes suisses auront une escadrille de démonstration comme par le
passé. Le type d’avion qui équipera cette escadrille n’a toutefois pas encore
été déterminé.
30. Le Conseil fédéral
n’aurait-il pas dû prendre en considération les offres envoyées ultérieurement
par Dassault et Cassidian?
Les
offres concernant un système d’armes comme un avion de combat sont des
documents volumineux. Les trois soumissionnaires ont eu à maintes reprises
l’occasion de mettre à jour leurs offres dans le cadre de la procédure
d’évaluation. Tous ont fait usage de cette possibilité. En septembre 2011, les
soumissionnaires se sont vus offrir une dernière occasion d’actualiser leur
offre. L’examen de ces dernières ainsi que les résultats de l’évaluation du TTE
ont amené la Suisse à porter son choix sur le Gripen le 30 novembre 2011. Les
soumissionnaires dont l’offre n’a pas été retenue ont envoyé à plusieurs
reprises, en 2012 et 2013, de nouvelles propositions qui n’avaient pas été
demandées. En l’occurrence, il ne s’agissait pas d’offres dont la qualité et le
niveau de détails auraient pu être assimilés à une évaluation sérieuse. En
outre, compte tenu des dispositions légales en matière d’acquisition, il
n’était pas possible d’entrer en matière sur ces nouvelles propositions.
31. L’acquisition de
l’Eurofighter ou du Rafale n’aurait-elle pas pu être liée à des conditions politiques?
L’impact
du choix d’un type d’avion donné pour obtenir des concessions dans d’autres
domaines est limité. L’évaluation est fondée sur le principe que les motifs
d’ordre technique et financier sont décisifs. Il se peut aussi que le
gouvernement de l’Etat où se trouve le siège de l’entreprise soumissionnaire ne
soit pas en mesure de contribuer seul à la résolution d’un problème. Il ne faut
pas oublier enfin que la tentative d’obtenir des concessions peut aussi
entraîner l’effet inverse si finalement le choix se porte sur un produit
concurrent.
32.
L’achat de l’Eurofighter ou du Rafale n’aurait-il pas favorisé une coopération
plus étroite en matière d’instruction et d’engagement?
La
collaboration avec des forces aériennes étrangères est toujours fructueuse.
C’est la raison pour laquelle les Forces aériennes suisses collaborent avec
divers partenaires en Europe. Parmi ces derniers figurent les Forces aériennes
suédoises, qui bénéficient d’une grande expérience en matière d’engagement.
L’acquisition du Gripen permet à la Suisse d’étendre sa collaboration avec la
Suède. Les Forces aériennes suisses entendent toutefois aussi poursuivre leur
étroite et fructueuse collaboration avec la France et l’Allemagne. Les trois
soumissionnaires savaient parfaitement que deux d’entre eux ne seraient pas
retenus.
33. N’aurait-il pas
été préférable d’acheter 15 Eurofighter ou Rafale plutôt que 22 Gripen?
L’Eurofighter,
le Rafale et le Gripen disposent tous d’un équipement électronique et d’un
armement de la dernière technologie. La capacité à durer est fortement
influencée par les cycles de maintenance et donc aussi par le nombre
d’appareils. Il y a des engagements pour lesquels, par exemple, une charge
utile plus élevée peut compenser un nombre d’appareils plus réduit. Pour la
majorité des missions dévolues aux Forces aériennes suisses, c’est toutefois le
nombre d’avions disponibles qui compte, pour autant que les exigences
techniques minimales soient remplies, ce qui est le cas avec le Gripen.
34. N’aurait-il pas
été plus judicieux d’investir les 3,126 milliards de francs destinés à
l’acquisition du Gripen dans d’autres domaines de l’armée?
Notre
armée comprend les Forces terrestres et les Forces aériennes. Ces deux forces
doivent disposer d’un équipement moderne. Au cours des dernières années, on a
investi dans des systèmes destinés aux Forces terrestres. Les F-5 Tiger sont
aujourd’hui trop vieux et doivent être remplacés. Le commandement de l’armée
approuve totalement cette acquisition.